En Europe, l’augmentation continue des tableaux de chasse au sanglier suggère une croissance des populations de l’espèce au cours des dernières décennies. Dans certains milieux, le phénomène prend la forme d’une prolifération dont les risques sont multiples : dégradation d’espaces naturels protégés, accidents, propagation de maladies avec un bilan économique, social et politique lourd. S’affranchissant des limites physiques, symboliques et administratives, l’animal s’invite désormais dans les territoires péri-urbains, et même au cœur des villes. De plus en plus médiatisé, le phénomène de pénétration de l’espèce en milieu urbain reste encore assez peu étudié. Pourtant, l’existence de « sangliers urbains » interroge autant l’adaptation biologique et comportementale de l’animal que la diversité des représentations et pratiques humaines en lien avec l’espèce dans un espace de cristallisation des enjeux liés à sa présence.

L’étude procède par une première estimation quantitative des populations puis par marquage et suivi télémétrique des animaux dans la métropole bordelaise. La distribution spatiale des populations de sangliers sert de point d’ancrage à l’analyse des pratiques, représentations et jeux d’acteurs autour de cette présence sauvage dans un contexte d’interpénétration des mondes ruraux et urbains.

La recherche répond à une question très vive posée par les gestionnaires de la ville et les gestionnaires de la chasse dont les représentations sont souvent antagonistes. Elle est alimentée par une thèse de doctorat qu’elle nourrit en retour. Pour tenter de répondre à la question « qu’est-ce que le sanglier urbain ? », la thèse de Carole Marin mobilise dans une approche systémique les outils et méthodes de la géographie tout en convoquant les sciences vétérinaires, écologiques ou l’anthropologie.

Suivi d’un animal à Bouliac, en rive droite de la Garonne