Marine Duc soutiendra sa thèse intitulée : Avalappoq, prendre la mer et danser. Migrations étudiantes et formation des positions dominantes entre Groenland et Danemark le mardi 22 novembre 2022 à 14 h à la Maison des Suds (Pessac).
Membres du jury :
– Béatrice COLLIGNON, professeure, Université Bordeaux Montaigne, Passages (UMR 53119), directrice de thèse
– Myriam HOUSSAY-HOLZSCHUCH, professeure, Université Grenoble-Alpes, Pacte (UMR 5194), examinatrice
– Saba A. LE RENARD, Directeur·trice de recherche, CNRS, Centre Maurice Halbwachs (UMR 8097), rapporteur·trice
– Ivalo ROSING, Directrice de la scolarité (Head of Student services), Ilisimatusarfik, examinatrice
– Camille SCHMOLL, Directrice d’étude, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Géographie-cités (UMR 8504), rapportrice
– Agnès VAN ZANTEN, Directrice de recherche, CNRS, Centre de Recherche sur les Inégalités Sociales, (UMR 7049), examinatrice
Résumé :
Cette thèse porte sur la construction des trajectoires étudiantes dans la configuration postcoloniale entre Groenland et Danemark. S’appuyant sur une enquête combinant essentiellement observation participante et entretiens, elle retrace les
biographies d’étudiant·e·s groenlandais·e·s à travers un système scolaire forgé par les rapports de force hérités de la colonisation danoise et bâti sur la dispersion de l’offre de formation. Elle montre que loin de n’être dédié qu’au tri social, ce dispositif scolaro-migratoire constitue également un dispositif de transformation des individus. La thèse déstabilise ainsi l’image de la migration étudiante comme privilégiée autour de deux axes. En prenant en compte les caractéristiques prémigratoires des individus, elle montre l’hétérogénéité des origines sociales de celles et ceux s’orientant vers une formation au Danemark, et le poids des transclasses sur les routes de cette migration. Cela s’explique notamment par l’encadrement matériel et moral affirmé par les pouvoirs publics groenlandais, qui voient dans la fonction technique de production de qualifications du système éducatif une stratégie politique de concrétisation de l’indépendance. Le deuxième axe réinscrit cette migration dans les asymétries globales des formations raciales. Il analyse le rôle de la migration étudiante dans la construction de frontières raciales, associant danicité et blanchité d’une part, et groenlandité et inuité de l’autre. Ces frontières sont tracées dans les interactions quotidiennes avec la population majoritaire ainsi que dans les placements scolaires. Toutefois, la
migration étudiante offre également les conditions d’une déstabilisation de la position minoritaire, non seulement dans les rapports de classe, mais également dans les rapports de race. La thèse met en évidence la dimension racialement codée des acquisitions socialement valorisées propres à la migration étudiante (façons de se comporter et de percevoir le monde, dispositions linguistiques ou encore certains goûts), en étudiant la façon dont les étudiant·e·s sont perçu·e·s et se perçoivent pendant leur parcours. Ainsi, en s’appuyant sur les approches bourdieusiennes de la reproduction, sur le nexus analytique de la colonialité et sur les travaux récents sur la socialisation raciale, cette thèse prend le contrepoint de l’analyse de la formation des frontières sociales en migration, qui sont souvent envisagées comme (re)produisant ou solidifiant les frontières raciales : en effet, ces dernières trouvent dans le dispositif scolaro-migratoire postcolonial les conditions de leur (re)production comme les conditions leur mise en crise.
Mots clés: migrations étudiantes, trajectoires, race, classe, blanchité, placements, socialisation raciale, colonialité, Groenland,
Danemark, géographie sociale
Pour suivre la thèse à distance, voici le lien : https://u-bordeaux-montaigne-fr.zoom.us/j/86263707655
ID de réunion : 862 6370 7655
Code secret : 123565