Les ateliers transversaux :
« briques de base » de la démarche collective

Les Ateliers transversaux sont des chantiers à partir desquels est interrogée la relation dialectique entre « Reconfiguration des spatialités et changements globaux ». Les membres de l’UMR ont souhaité reconnaître le caractère opérationnel de petits collectifs de travail, flexibles dans leur fonctionnement et dans leur temporalité. L’objectif est aussi de proposer une organisation, simple et fédératrice, facilement lisible en interne comme en externe. Ces Ateliers transversaux ne portent pas sur une thématique ou un objet de recherche, mais s’intéressent à un processus ou à une procédure susceptible d’éclairer le projet scientifique de l’UMR.

Les Ateliers transversaux doivent être considérés comme des espaces de réflexion, à géométrie variable, œuvrant selon des modalités propres, sans imposition d’un modèle commun. Il s’agit ainsi de favoriser une organisation du travail adaptative, plus en phase avec les conditions d’exercice des métiers de la recherche au 21e siècle. Le fonctionnement des ateliers combine des interventions de collègues extérieurs au laboratoire, des séances de travail en interne ou tout autre mode d’organisation du travail. Ils ont pour mission de prendre en charge la préparation des séances du Séminaire et l’organisation d’activités tournées vers un plus large public dans le cadre de la Fabrique. Lieu de travail collectif, ils conduisent à des productions textuelles et/ou non-textuelles. Chaque début d’été, les Ateliers rendront compte de leur activité en assemblée générale. Ce sera l’occasion de proposer et discuter la programmation des séances du Séminaire et des actions de la Fabrique pour l’année universitaire à venir. Cette programmation est finalisée et validée en Conseil de laboratoire.

Les autres instances du projet scientifique :

Les propositions d’ateliers se regroupent en deux grands ensembles.

Le premier, composé des ateliers 1 (Transitions), 2 (Temporalités), 3 (Transmissions) et 4 (Microgéographie), interroge la dimension temporelle des changements globaux à travers quatre prismes : celui des transitions entendues à la fois comme processus et comme modalités d’actions territorialisées conduites en réponse à des enjeux globaux ; celui des temporalités de l’action et des « existants » matériels et immatériels ; celui de la pérennité ou du changement social ; et celui des spatialités d’échelle micro comme révélateurs et outils de lecture de la permanence des changements globaux. Les hypothèses parfois contradictoires énoncées dans les projets d’ateliers fourniront matière à débat.

Atelier transversal 1

Transitions : échelles, spatialités et temporalités des territoires

animation scientifique :
Mayté Banzo, Sandrine Courvoisier

Cet atelier s’inscrit dans la continuité de la Focale Transition du précédent sexennal, au cours duquel les travaux sur la transition, abordée à la fois comme processus en cours, contexte d’action et projet de société, ont davantage porté sur les reconfigurations des spatialités.

La transition, qui est désormais autant mise en œuvre par des mesures d’action publique que par des actions citoyennes, peut se décliner en différents terrains et thématiques, appréhendés à différentes échelles. L’approche privilégie un regard sur le « local », dans ses articulations à des enjeux plus globaux.

Ces travaux conduiront à analyser en quoi elles sont des effets, des révélateurs des changements globaux tout autant que, potentiellement, productrices de ces changements. Ils viseront à continuer d’interroger différentes dimensions de la transition, notamment épistémologiques et temporo-spatiales.

Atelier transversal 2

Les temporalités en action : traces, mémoire, crise, émergence

animation scientifique :
Bernard Davasse, Samuel Drapeau

L’atelier se propose d’explorer la question des temporalités et la façon dont elles peuvent être mobilisées dans une action à visée socio-spatiale, que celle-ci relève de politiques publiques ou de stratégies privées. Aujourd’hui la logique de l’urgence déstructure notre relation au temps. Le futur ne fait plus sens, il est fait d’incertitude et devient menaçant.

Quant au passé, il est figé dans un éternel présent, l’histoire cède le champ à la mémoire, aux commémorations et autres reconstitutions. Le patrimoine est ainsi convoqué comme un héritage (en témoigne l’expression du devoir de mémoire), mais ce serait là oublier qu’il participe aussi amplement à la construction de l’avenir. De fait, le temps et la durée constituent une entrée privilégiée pour interroger la dialectique entre reconfigurations des spatialités et changements globaux.

Atelier transversal 3

Transmissions et changements

animation scientifique :
Sophie Chave-Dartoen,
Isabelle Gobatto

L’atelier s’intéresse à la problématisation de phénomènes de transmission, et propose d’interroger de manière dynamique un ensemble d’interrelations présentes dans certains processus que le sens commun tend parfois à opposer, qui mettent en jeu aussi bien des formes de pérennité et/ou de reproduction sociale et que des changements sous de multiples aspects. Intensification et déterritorialisation des flux, imaginaires post-nationaux et supra-nationaux, hybridation des dispositifs de gouvernement, résolution à échelle nécessairement mondiale des problèmes écologiques, de santé ou encore historiques, circulation des corps et des personnes sont autant de réalités contemporaines qui donnent sens au concept de globalisation. De fait, l’atelier conçoit la question de la transmission comme un champ ouvert, permettant le dialogue entre les disciplines, et dont l’étude embrasse des activités, des modalités, des temporalités et des usages divers.

Ces travaux conduiront à analyser en quoi elles sont des effets, des révélateurs des changements globaux tout autant que, potentiellement, productrices de ces changements. Ils viseront à continuer d’interroger différentes dimensions de la transition, notamment épistémologiques et temporo-spatiales.

Atelier transversal 4

Microgéographie

animation scientifique :
André-Frédéric Hoyaux

L’idée initiale de cet atelier transversal sur la microgéographie relève d’un questionnement récurrent de certains doctorants concernant un terme qui apparaissait dans leur lecture géographique, notamment en géographie sociale, et qui renvoient aux acteurs, parfois pris en tant qu’ils se construisent individuellement, et analysent leurs relations spatiales dans des situations particulières, le plus souvent au sein d’une dimension spatiale a priori restreinte.

L’idée n’est pas tant de dire que nous sommes à un moment-clé que certains nomment « moment de crise » ou « crise », en tant qu’exemplaire d’un changement global qui n’aurait jamais eu lieu avant la période actuelle, mais au contraire que ce changement global est permanent et donc que les spatialités sont elles aussi en permanence retravaillées. Mais paradoxalement, c’est à travers l’idée même d’un prétendu changement global actuel qu’il est finalement possible d’éclairer aussi les régularités qui se font jour depuis le début de notre humanité, que cela soit à travers l’analyse de nos comportements, mais aussi de nos perceptions, représentations et constructions de la réalité.

Le deuxième ensemble d’ateliers se compose des ateliers 5 (Pouvoirs), 6 (Mesure et démesure), 7 (Arts) et 8 (Expérimentation) ; il questionne les effets des changements globaux sur les structurations sociales et leurs équilibres ou déséquilibres. Quatre entrées seront ici privilégiées : celles des inégalités sociales provoquées par les changements globaux, celles des contre-métrologies, appréhendées comme des facteurs de « mise en désordre » du monde, celle des arts comme moyen d’expression et vecteur de rapports sociaux inégalitaires, celle enfin de la recherche comme mode de transformation de la réalité étudiée. Ces ateliers seront reliés par l’hypothèse de changements globaux comme accentuation de « désordres » et de déséquilibres, et non comme facteurs d’homogénéisation socio-spatiale.

Atelier transversal 5

Changements globaux et rapports sociaux de pouvoir

animation scientifique :

Pierre-Yves Trouillet

Lucie Bony

Christine Ithurbide

Cet atelier envisage de poursuivre et de réorienter des réflexions conduites par un groupe de travail de la Focale « Traduction/Représentation » lors du précédent contrat.

L’atelier part de l’hypothèse que l’espace, à toutes les échelles et dans toutes ses dimensions, est non seulement un enjeu de pouvoir mais aussi une grille d’analyse pertinente des reconfigurations territoriales des rapports sociaux inégalitaires induites par les changements globaux. Au cours du précédent contrat, ont surtout été étudiées les manières dont la matérialité traduit des rapports de domination (cf. publication sur les objets en cours).

Au regard de l’espace et des spatialités, il s’agira désormais de réfléchir aux mécanismes socio-politiques de domination liés aux changements globaux, à leurs origines, aux domaines sociaux dans lesquels ils s’expriment et aux recoins dans lesquels ils se nichent. Un des enjeux sera également de prendre la mesure de l’intensification et de la complexité des phénomènes en cours, et de l’ambivalence qui peut entourer les rapports de pouvoir dans un contexte de mondialisation.

Atelier transversal 6

Mesure et démesure

animation scientifique :
Matthieu Noucher

Tout au long du précédent contrat, l’atelier “Analyse critique des métrologies de l’espace” s’est intéressé aux dimensions sociales, politiques et techniques des métrologies et a tenté de comprendre comment elles opèrent en tant que formes de savoir-pouvoir. Il est proposé de faire perdurer cet espace de réflexion et de réorienter le travail collectif vers les différentes modalités de résistance aux processus métrologiques.

Comment différentes initiatives individuelles ou collectives, reconnues ou informelles, locales ou planétaires tentent-elles de résister aux processus de mise en chiffre et de mise en carte qu’on leur impose, soit par l’évitement, l’invisibilisation, la fuite, le blanchiment des cartes… soit par la production de contre-expertises métrologiques (par ex. la contre-cartographie ou le statactivisme) ?

Ces contre-métrologies agissent comme des agents de dérégulation, et donc comme des formes de mise en “désordre” du monde. Elles peuvent alors apparaître à la fois comme le symptôme et comme l’agent de la crise des États-nations confrontés aux changements globaux et interviennent, à l’échelle de l’individu, comme des opérateurs de factualité pouvant agir de manière inédite sur les spatialités de chacun.

Atelier transversal 7

Arts et sciences passagères

animation scientifique :
Sylvain Guyot

L’art (en général), et la mise en art (de / dans l’espace, en particulier) permet à la fois de révéler, de lutter tout comme de susciter des inégalités sociales et des rapports de pouvoir. Comme écriture de recherche tout comme objet de recherche, l’art est aussi une entrée pertinente pour décrire, relier et relire les transformations territoriales en cours sur la planète, et ce à différentes échelles d’espaces et de temps.

Dans cet Atelier transversal, le terme « art » est défini sans restriction pour y inclure toute proposition créatrice faisant appel au sensible (arts plastiques, photographie, films, musique, danse etc.) pour donner à voir un objet, un sujet ou un lieu. L’art mis à l’honneur dans cet atelier peut être aussi un « art passager » évoquant la question des interventions ou espaces artistiques éphémères qui peuvent être considérés comme des objets d’étude ou méthode pour révéler, interroger des changements globaux mais aussi locaux.

Au sein de ce dispositif, les relations entre les différentes disciplines artistiques et les sciences, telles qu’elles sont pratiquées à l’UMR PASSAGES, sont au moins de trois types. D’une part, la production artistique peut donner à voir des contenus, voire des résultats de recherches. D’autre part, la production artistique peut aussi venir interpeller les chercheurs sur des questions en suspens ou sur une autre manière de penser l’espace et les relations aux acteurs, en particulier habitants. Enfin, ces relations art et sciences peuvent considérer l’artiste comme un acteur à part entière de la recherche, et des territoires dans/sur lesquels elle se déroule.

Atelier transversal 8

Recherche-projet /
Recherche en situation d’expérimentation

animation scientifique :
Serge Briffaud, Claire Parin

Cet atelier sera orienté vers une réflexion épistémologique et méthodologique autour de ces approches particulières de la recherche qui ont pour caractéristique commune de solidariser la démarche scientifique avec l’engagement dans un projet (une création, une manifestation, un événement, une expérimentation politique, culturelle ou sociale…) participant à la transformation de la réalité étudiée. Ce qui est visé n’est pas la recherche comprise comme préalable à une « action » qu’elle permet de définir ou d’orienter, mais la recherche se construisant elle-même dans la dynamique d’un « faire », les remous d’un changement, et autour d’un engagement assumé du chercheur dans la transformation des espaces et des mondes sociaux.

L’atelier consistera pour une part en un échange d’expériences, s’appuyant sur les travaux menés en cette direction par les chercheurs de l’UMR (architectes, paysagistes, géographes, anthropologues…) et mettant à contribution des interlocuteurs non-chercheurs (artistes, acteurs de l’aménagement et de l’action en matière environnementale, culturelle, patrimoniale…). Il s’agira également de dresser un état de l’art relatif à ces démarches de recherche. Sur ces bases pourront être bâtis les fondements de projets collectifs construits autour de formes innovantes d’articulation entre recherche et projet, de diffusion de la culture scientifique et d’animation du débat public.